Patagil se tenait debout, adossé à la porte cochère de l’immeuble. Son fin museau de lévrier humait l’air ambiant du petit matin avec appréhension. Depuis deux jours en effet, un crachin acide tombait sur la ville, créant une atmosphère brumeuse et humide difficilement respirable. — Et ces affreux relents d’œuf pourri, pensa-t-il, l’estomac soulevé d’une nausée subite... Cela n’avait rien d’anormal, certes. Après l’effondrement climatique, les tsunamis, les tornades monstres, les éruptions volcaniques, les catastrophes nucléaires et les mutations génétiques qui s’en étaient suivies, cette puanteur à la fois chimique et organique était un moindre mal. Les purificateurs d’air tournaient pourtant à plein régime : à croire qu’ils ne servaient plus à grand-chose, à part embuer davantage le paysage en projetant à chaque coin de rue un voile de fumée opaque. Nous retrouvons ici l’univers si particulier d’Amy Shark, glauque et douloureux, traversé d’éclairs d’humour et de tendresse.
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